Les classiques de la musique ivoirienne des années 1970
By CulturicheArts visuels
Les classiques de la musique ivoirienne des années 1970
La musique ivoirienne a brillé pendant plusieurs décennies après les indépendances. La décennie 1970 a été l’une des plus marquantes. Les cultures sont valorisées tant les paroles que les sonorités. Allons à la découverte de cinq classiques de cette époque majestueuse en pleine croissance économique de la Côte d’Ivoire.
Par Abdulbasit Adéwalé
Amedée Pierre et l’Ivoiro Star – Moussio Moussio
Surnommé « dopé » qui signifie « rossignol » en Bété qui est sa langue maternelle, Amedée a su mettre d’accord plus d’un avec ses productions. Il est parmi les premiers artistes de la Côte d’Ivoire.
Il a su s’imprégner du savoir-faire oral de son peuple pour le bonheur des amoureux de la musique. La particularité des textes de Amedée était qu’ils renfermaient toujours un message caché. Comme le font les Azmari, troubadours et poètes connus pour les messages politiques que contenaient leurs chansons d’amour.
« Moussio Moussio » (il brûle, il brûle en Bété) la chanson qui le propulse au-devant de la scène. Elle est issue de ses débuts de carrière, mais a été rééditée dans la décennie 1970. Les personnes ne parlant pas la langue Bété pensaient qu’il disait « Monsieur Monsieur ». Cela les a bien évidemment intriguées car elles cherchaient à savoir à quel monsieur le « dopé national » faisait référence.
Alors qu’en réalité, il dénonçait les dérives de la colonisation et des nouveaux pouvoirs d’après indépendance. La chanson dit en substance :
« Il brûle ! Il brûle ! Mon trésor s’est consumé ! On a mis le feu au tronc d’arbre. Qui renfermait notre richesse. On a tué ma fille, ma richesse potentielle ».
Amedée Pierre est le premier artiste ivoirien à faire la salle mythique de l’Olympia. Il tire sa révérence le 30 Octobre 2011, après 50 ans de carrière.
Ernesto Djédjé
Le petit Ernesto n’a que 10 ans lorsqu’il se distingue par son sens du rythme. Il se fait remarquer lors des cérémonies traditionnelles de son village Tahiraguhé. Cette qualité lui vaut d’avoir des cours de danse et de chant afin de le doter de toutes les compétences artistiques.
Après être passé par l’Ivoiro Star de Amedée Pierre, Ernesto alors âgé de 30 ans, crée le Zigbibiti. Un genre musical qui est un croisement entre de Tohurou (le genre musical et chorégraphique traditionnel originaire de sa région qui lui a été enseigné), de Soul, de Rythm & Blues, de Funk, de Disco, d’Afro Beat.
En 1975, il sort « Adjissè » qui fait un tabac. C’était une chanson jouée dans toutes les cérémonies quelle qu’en soit leur nature (mariage, funérailles) et même en boucle à la radio.
C’est en 1977 (l’année de sa trentième bougie) qu’il sort « Ziboté », son premier album qui a connu un énorme succès. Cet opus a été conçu dans la ville de Lagos avec les soins de Raïmi Gbadamassi (Badmos Store).
Ce génie de la musique ivoirienne meurt de manière prématurée en 1983 à l’âge de 35 ans.
Aicha Koné – Zata
Aicha, la jeune fille issue d’une famille noble a des ambitions musicales. Elle rencontre l’opposition de ses parents car dans leur famille « on ne chante pas ».
Malgré cette atmosphère austère, elle continue et devient choriste à l’Orchestre de Radio Télévision Ivoirienne (ORTI). Elle se fait très vite remarquée grâce à ses performances vocales. Ce qui lui vaut une invitation au Burkina Faso (la Haute Volta de l’époque) où elle fait des reprises de Myriam Makeba.
Elle sort sa première chanson « Denikieleni » en 1979. Cette production est arrangée par Boncana Maïga qui a succédé à Manu Dibanga à la tête de l’ORTI. Sa carrière décolle avec le titre « Zata » qui dénonce le phénomène de disparition des jeunes filles.
Plusieurs récompenses telles que deux disques d’or ont meublé les 40 ans de carrière de la diva de la musique africaine
Doh Albert & Houon Pierre du Bélier Andralex — Moya
Les frères du duo « le Bélier Andralex » se font connaître grâce à leur chanson « Moya » chantée dans un accent issu d’un mélange du français et du créole. Eux qui étaient totalement inconnus sont maintenant sous les feux des projecteurs.
Ils doivent leur amour pour la musique à leur aîné Alexandre, qui a financé leur début grâce aux revenus tirés de son ébénisterie qui connaissait un essor phénoménal.
Quelques temps après leur album « Doh Albert et Houon Pierre du Bélier Andralex », entièrement conçu à Lagos grâce au producteur Lassissi, le duo se sépare.
Doh Albert s’exile en France en embrassant le commerce. Quant à Houon Pierre, il se met à la production musicale. Notons que Houon Pierre est le géniteur du célébrissime chanteur de coupé décalé, feu DJ Arafat
Bailly Spinto – Taxi Sougnon
Le jeune Gallet Bailly Sylvestre atterrit à Abidjan avec un album en poche. Il venait de terminer ses classes à l’école de musique Paul Buscher de Paris. Tout va bien au pays. L’économie a une santé de fer et tout le monde est content.
C’est dans cette atmosphère que Bailly Spinto sort son album « Taxi Sougnon » (chauffeur de taxi en langué Bété, sa langue maternelle) qui connaît un succès fulgurant. Premier essai, premier succès « l’homme à la voix d’or ».
Ce qui fait la popularité de cette chanson, elle est vue comme un plaidoyer. En effet, les chauffeurs de taxi faisaient la loi sur la destination qu’ils voulaient rallier au grand désarroi des clients. Le public a donc vite adopté cette chanson qui décrivait leur peine.
Ce succès a valu à Bailly une tournée dans toute l’Afrique, en France, au pays de l’Oncle Sam et plusieurs distinctions. Il a fait les beaux jours de la musique ivoirienne pendant de nombreuses années.
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